J’ai rencontré beaucoup de parents inquiets voire anxieux quant au devenir de leurs enfants ado en Israël.

Comment aider ces jeunes à se trouver et à se faire une place dans la société israélienne ? Ces jeunes qui viennent de quitter l’enfance et qui ne sont pas encore des adultes. Ces jeunes qui n’ont pas pu finir leur scolarité en France et qui doivent intégrer un nouveau système scolaire qui leur est totalement inconnu.

J’en ai rencontré beaucoup, qui au final, n’étaient plus vraiment français et plus  vraiment israéliens. Perdus entre le français et l’hébreu. Ne maitrisant parfaitement ni l’une ni l’autre des langues comme à l’oral.

Double sentiment d’échec scolaire qui conduit à la perte de l’estime de soi et au manque de confiance en soi. Des jeunes un peu à la dérive qui une fois adulte, n’ont pas vraiment de visibilité sur leur avenir. Ils ont du mal à se projeter dans leur futur. Ils ne se croient pas capables de faire des études supérieures et ne savent pas comment ils pourront gagner leur vie. Ils passent de petits boulots à petits boulots, sans intérêt pour aucun.

La difficulté est d’autant plus grande lorsque ces jeunes n’ont pas choisi de monter en Israël. Ils sont déracinés de leur environnement et de leurs amis. Ils sont arrachés à leurs habitudes. Subitement, ils doivent accepter un changement de vie total, un nouveau cadre scolaire, de nouvelles règles, une nouvelle langue. Ils doivent tisser de nouveaux liens afin de se faire à nouveau des amis. Ce qui n’est pas joué d’avance.

Tout ceci est très complexe et chaque cas mérite une attention très particulière.

Ne demandez pas à votre enfant, de faire le contraire de ce que vous faites. 

Depuis la naissance de l’enfant, le parent est son repère, son modèle, sa référence. Il est donc très important que le parent s’observe avant même d’exiger de son enfant, quoique ce soit. Cela d’autant plus lorsqu’il vient de monter en Israël et que comme son enfant, il doit « apprendre à marcher » à nouveau.

Nous avons appris à parler grâce au phénomène de « lallation », il s’agit de la reproduction par le bébé, des sons qu’il entend. Le mécanisme de mimétisme ne s’arrête jamais.  Bien sûr sa nature évolue, mais soyez en sûr, un enfant observe toujours son parent et cela, peu importe son âge. 

Un parent qui monte en Israël, mais ne s’investit pas dans l’apprentissage de la langue hébreu aura du mal à convaincre son enfant que lui, doit le faire.

Un parent qui ne se bat pas pour progresser, chaque jour, et peu importe le domaine concerné de sa vie (professionnelle, sociale, santé, sentimentale…) ne pourra pas exiger de son ado de faire plus d’efforts à l’école ou dans n’importe quel autre domaine.

Un parent qui insulte ou ne respecte pas son enfant, ne pourra pas attendre de son enfant, une attitude irréprochable. Le respect et l’utilisation d’un vocabulaire convenable doit être réciproque.

Je pourrai ainsi poursuivre les exemples.

Le meilleur moyen d’aider un ado, a réussir son alyah est, à mon avis, le fait de communiquer énormément avec lui, de façon très claire et très honnête. Je pense qu’il est indispensable de partager avec son enfant, ses difficultés d’olé en tant qu’adulte. L’ado a besoin de sentir qu’il est important, qu’il est aimé, qu’il n’est pas seul dans ce processus d’alyah. Il est indispensable de développer un lien de qualité avec son enfant. Si cela n’a pas déjà été fait avant la alyah, il faut nécessairement faire en sorte de créer ce lien d’amour, d’écoute, de confiance, de partage (joies et peines) entre le parent et l’enfant. Ce lien doit se renforcer chaque jour un peu plus.

Le processus d’acceptation à la alyah peut prendre du temps, il faut faire preuve de beaucoup de patience. C’est un peu comme une greffe.

Il me semble qu’il est préférable de ne pas déléguer à des tiers la problématique de l’intégration de l’enfant, comme si l’on s’en déchargeait. Il est bien que des tiers accompagnent et aident à l’intégration en douceur, mais le parent doit garder une place très présente au côté de l’ado et surtout lui montrer qu’il fait aussi tous les efforts pour s’intégrer lui-même. Si le parent réussit son intégration par l’apprentissage de l’hébreu, sur le plan social et professionnel, il favorise grandement les chances de succès de son ado, en Israël.

Ces jeunes olims ne doivent pas être livrés à eux-mêmes, même s’il semble aux parents nouveaux olims que c’est ainsi que les ados israéliens vivent. Ce n’est pas le cas.

Il faut laisser de la liberté à l’ado, à condition que les règles définies au sein du foyer soient respectées. Si ces règles ne sont pas respectées, la liberté accordée doit être réduite jusqu’à ce que ces règles (les limites) soient respectées pas l’ado.

Pour arriver à faire respecter ces règles, il est indispensable d’instaurer une relation de confiance réelle entre l’enfant et le parent.  Il s’agit là d’un travail quotidien.

Le meilleur moyen de faire naître la confiance et de la développer de façon solide, entre l’enfant et le parent est d’être en mesure, en tant que parent, de faire ce que l’on dit et de dire ce que l’on fait. Le parent doit être très aligné avec ses propos et ses actions, toujours dans l’amour et le don de soi. L’enfant ne doit pas se sentir comme un fardeau pour le parent.

Le parent ne doit pas promettre des choses qu’il ne pourrait pas tenir ou faire des choses qu’il condamne lui-même.

Le parent doit veiller à ne pas se plaindre des choses qu’il accomplit en faveur de l’ado. Les choses ne doivent pas être accomplies par devoir ou pour en attendre un retour. Elles sont faites, par amour et dans l’amour, sans attente d’une contrepartie de la part de l’ado.

Un parent doit renforcer, chaque jour, sa crédibilité aux yeux de son enfant et notamment à l’âge de l’adolescence. Plus que jamais, c’est le moment de renforcer la qualité du lien qui vous lie.

Le parent ne doit jamais oublier qu’il est un modèle pour son enfant.

La alyah est l’occasion pour le parent et l’enfant, de grandir ensemble et même de se rapprocher.

Sandrine DRAY